0

Les PFAS dans les cosmétiques

Publié le : 19/10/2024 10:17:13
Catégories : Beauté

Les polluants éternels, ou substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées (PFAS), sont devenus l’un des plus grands enjeux environnementaux et sanitaires de 2024, notamment dans le secteur des cosmétiques. Les PFAS sont appelées "éternelles" en raison de leur structure chimique extrêmement stable. Elles sont formées de liaisons carbone-fluor, parmi les plus fortes en chimie, ce qui les rend presque impossibles à dégrader naturellement dans l'environnement. En conséquence, ces substances s'accumulent dans l'eau, le sol, l'air et même les organismes vivants, et ont des effets graves sur la santé humaine.

Les PFAS dans les cosmétiques

Les PFAS sont couramment utilisées dans les cosmétiques pour améliorer la texture et la durabilité des produits. On les retrouve dans une grande variété de produits, comme les fonds de teint, les rouges à lèvres, les mascaras et les crèmes hydratantes. Le polytétrafluoroéthylène (PTFE), l’un des PFAS les plus connus, est fréquemment utilisé pour ses propriétés antiadhésives et sa capacité à rendre les produits plus lisses et brillants.

Cependant, ces avantages s'accompagnent de conséquences graves. Les PFAS sont lipophobes et hydrophobes, ce qui signifie qu'elles ne se dissolvent ni dans l'eau ni dans les graisses. Par conséquent, elles peuvent s'accumuler dans les tissus humains et être transmises par l'eau potable et la chaîne alimentaire. Des études ont démontré la présence de PFAS dans le sang humain, y compris chez les femmes enceintes, ce qui peut entraîner des effets négatifs sur la santé des bébés à naître, comme des poids de naissance plus faibles et des retards de développement.

Les risques pour la santé

Les risques des PFAS pour la santé sont nombreux. Ils sont classés comme perturbateurs endocriniens, ce qui signifie qu'ils interfèrent avec le système hormonal, provoquant des déséquilibres qui peuvent affecter le développement, la reproduction, et même augmenter le risque de cancer. Les effets sur la thyroïde, le foie et le système nerveux ont également été largement documentés. Par ailleurs, des études ont établi des liens entre l'exposition aux PFAS et l'autisme, l'hyperactivité, ainsi que des troubles immunitaires, notamment chez les jeunes enfants.

En raison de ces dangers, des mouvements de pression de la société civile et des ONG écologistes ont demandé une réglementation plus stricte. En réponse, plusieurs pays et organisations internationales ont pris des mesures pour limiter ou interdire leur utilisation, notamment dans les cosmétiques.

Réglementations en vigueur et à venir

En Europe, l'utilisation de certaines PFAS est déjà strictement encadrée. Le règlement européen REACH (Enregistrement, évaluation, autorisation et restriction des substances chimiques) a placé les PFAS sur la liste des substances prioritaires à surveiller. Depuis 2020, plusieurs composés PFAS, comme l'acide perfluorooctanoïque (PFOA) et l'acide perfluorooctanesulfonique (PFOS), sont interdits dans les produits cosmétiques. En 2023, l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a lancé une consultation publique sur l’interdiction de plus de 10 000 PFAS, renforçant la pression sur les industries pour trouver des alternatives plus sûres.

Au niveau mondial, la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants a interdit l'utilisation de certains PFAS dès 2009. Aux États-Unis, certains États, comme la Californie, ont pris des mesures pour interdire les PFAS dans les cosmétiques à partir de 2025, faisant écho aux régulations européennes.

Les alternatives et la transition

La question qui se pose désormais est de savoir comment l'industrie cosmétique peut se passer des PFAS tout en maintenant la qualité et la durabilité de ses produits. Certains acteurs du secteur se sont déjà tournés vers des formulations plus naturelles et respectueuses de l'environnement. Les certifications biologiques interdisent l'utilisation des PFAS dans les produits labellisés bio.

En parallèle, la recherche d'alternatives se poursuit, mais le défi reste de taille : les PFAS sont si efficaces que trouver des substituts qui offrent les mêmes performances sans risques sanitaires ou environnementaux est un processus complexe et coûteux. Cependant, avec la pression croissante des consommateurs, des régulateurs et des ONG, la transition vers des produits cosmétiques sans PFAS semble inévitable.

La lutte contre les polluants éternels dans les cosmétiques s'inscrit dans un mouvement global de prise de conscience écologique et sanitaire. Si les PFAS ont permis des avancées notables dans la performance des produits, leur impact environnemental et leur dangerosité pour la santé humaine ne peuvent plus être ignorés. En 2024, les régulations deviennent de plus en plus strictes, poussant les entreprises à innover pour proposer des alternatives plus sûres et durables. L'industrie cosmétique est à un tournant, et la fin des PFAS dans les produits de beauté semble inéluctable.